Chronique d’un monde oublié

 

À travers le texte de Didier Eribon interprété par Adèle Haenel, Retour à Reims [Fragments] raconte en archives une histoire intime et politique du monde ouvrier français du début des années 50 à aujourd’hui.

Faisant partie des réalisateurs-monteurs qui puisent leur inspiration aux sources des archives mondiales, Jean-Gabriel Périot – il avait déjà revisité le parcours de la Fraction armée rouge dans Une jeunesse allemande en 2015 – livre ici sa version assez fidèle de l’œuvre éponyme de Didier Eribon, sortie en 2009, qui signait une autoanalyse débouchant sur une lecture sociopolitique de la société française.

Le philosophe et sociologue retraçait dans ce texte son parcours de « transfuge de classe » en faisant le portrait de son milieu d’origine – de ses parents à ses grands-parents – et, à travers lui, de la classe ouvrière au XXe siècle.

Montant ce récit en images sur extraits de films, d’archives ou d’émissions télévisées des années 1930 jusqu’à aujourd’hui, Jean-Gabriel Périot a focalisé ses choix sur les passages du texte évoquant les femmes de la famille, sa grand-mère et sa mère, qui sont lus avec beaucoup de conviction Adèle Haenel.

Dans le lot des images, on repère aussi des images plus connues extraite de classiques du doc : Le Joli Mai, de Chris Marker et Pierre Lhomme ou encore Chronique d’un été, de Jean Rouch et Edgard Morin (1961). Et, très habilement, Jean-Gabriel Périot augmente le propos initial du livre originel sur le front des luttes actuelles quitte à ce que la poursuite de la lecture soit parfois un peu plaquée.

Doc politique fort et engagé, cet opus n’est pas toujours nuancé, ce que ne manqueront pas de lui reprocher les tenants du « en même temps » comme certains représentants de vieux partis de gauche… En tout cas, le télescopage des images fait « sens ».

 

Travellingue
27 mars 2022
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